Un chêne pour Déméter
Après avoir semé le blé, il est temps maintenant de planter un arbre, l'arbre de Déméter. Nous toutes, mortelles, allons planter un arbre. Comme pour un enfant, comme pour une mise au monde, nous savons que par ce grand événement, celui qui commence aujourd'hui, nous survivra. Il nous représentera pour les années à venir.
Après notre disparition, il sera là pour parler de nous.
Dans notre arbre, il y aura le vent, les oiseaux, la pluie et les éclairs et il y aura le souvenir du début de cette respectable loge.
Les arbres, comme les végétaux en général, nous ont précédés sur terre et nous dépendons d’eux pour vivre. Vivant à un autre rythme, l’arbre dégage un sentiment de paix et de force.
Regardez les arbres… il y a celui qui s'élance finement et discrètement dans les hauteurs ou celui qui écarte largement ses branches en voulant enlacer le monde; celui qui rougit à l'approche discrète de l'automne ou celui qui brille de mille feux lorsqu'on le décore; celui qui chauffe les chaumières ou celui qui conserve le fruit de la vendange; celui qui plie sous le vent ou celui qui résiste; celui qui croit tout seul dans une clairière ou celui qui grandit entouré par les autres.
Quelle que soit leur forme, leur taille, leur âge, leur destinée, ils ont tous un rôle à jouer.
L’arbre, source d’inspiration pour l’homme ainsi qu’un modèle du cycle de vie que tout homme devrait contempler et en prendre exemple dans sa quête de spiritualité.
Quand nous plantons la graine d’un arbre ou un jeune arbrisseau dans la Terre Mère, il ne nous est pas donné d’être sûr de voir un jour ces fruits.
Là n’est pas le plus important, l’essentiel c’est d’avoir la volonté de planter l’arbre et de le faire.
L’arbre est largement représenté dans la mythologie. Ne parle-t-on pas d’une forêt ensorcelée qui attire tout mortel qui passe à proximité… et lorsque les héros mythiques s’y sont aventurés, ils n’en sortent qu’après des épreuves et batailles ayant toujours pour décor des arbres touffus qui empêchent de voir ce qui est au-delà de la forêt.
Mais encore, c’est dans cette même mythologie que l’on parle de l’arbre sacré, symbole capital commun à toutes les civilisations religieuses du monde avec la même signification et le même lien entre le ciel et la terre.
Le chêne, arbre sacré dans de nombreuses traditions qui ont défié les siècles ne pouvait qu’être " l’arbre de Déméter "…
Il est symbole de solidité, puissance, longévité et hauteur autant au sens spirituel que matériel…..
En tout temps et tout lieu il est synonyme de FORCE et c’est de toute évidence l’impression que donne cet arbre à l’âge adulte.
Du reste, en latin, chêne et force utilisent le même mot " ROBUR ", force morale et force physique.
Le chêne est de toutes les légendes et presque toutes les traditions : l’arbre par excellence, la représentation de l’axe du monde tant chez les Celtes qu’en Grèce ou chez les Yakoutes sibériens.
Il est l’instrument de communication entre le ciel et la terre – Abraham a reçu les révélations de Yahvé auprès de chênes. Dans l’Odyssée, Ulysse vient consulter 2fois, sur son retour, le feuillage divin du grand chêne de Zeus, et la Toison d’Or gardée par un dragon était suspendue à un chêne.
Quant aux Druides, dont le nom se traduit par " Hommes de chêne ", étant donné leurs qualités sacerdotales, ils ont droit à la fois à la sagesse et à la force puisque ces 2 valeurs sont symbolisées par cet arbre et de plus, chez les Celtes il est par son tronc, par son feuillage touffu et par son propre symbolisme l’emblème de l’hospitalité et l’équivalent d’un temple.
Un chêne, pas un sapin, un noyer ou un bouleau, un chêne.
Chaque arbre donne une énergie différente. Si le bouleau diffuse de la douceur, le marronnier c’est de la protection et le hêtre c’est la sérénité. Quant au sapin c’est la fluidité et le pin, la lumière. Et le chêne ? Et bien le chêne c’est la force…
La force dont Déméter a besoin pour solidifier ses bases, la force qui lui est nécessaire pour grandir !
Parce que Déméter a bien sûr l’intention de grandir, mais avant tout et telle un arbre dont les racines pénètrent dans toutes les couches profondes de la Terre et qui monte en direction du ciel pour élaborer ce que justement les forces divines l’incitent à produire…
L’arbre ne met pas sa volonté à produire des feuilles, des branches : Il laisse le Feu- lumière passer à travers lui ; perméabilité : il est ce qu’il est.
D’où le gland tire-t-il le pouvoir de devenir un chêne puissant ?
De la source qui est en eux-mêmes…
Si Déméter protège plus particulièrement le blé, elle est liée à la végétation, aux cycles, aux rythmes saisonniers qui ponctuent la Nature et le chêne figure au nombre de ses attributs.
Que notre Loge s’inspire de la noblesse de cet arbre sous lequel Saint Louis rendait la justice : SAGESSE ; qu’elle devienne aussi solide que le chêne permettant ainsi à tous de s’abriter sous son feuillage, d’y trouver le refuge nécessaire pour s’arrêter et réfléchir sur la voie à suivre : FORCE ; qu’elle rayonne de par la qualité de son travail et la chaleur qui unit les maillons qui la composent : BEAUTÉ ; qu’elle s’appuie solidement sur la terre qui lui a donné naissance afin de s’élever vers les réalités les plus hautes…
L’arbre est l’image même de la verticalité, de la vie qui tend à réunir la terre et le ciel, le haut et le bas.